Archives de catégorie : PROCÈS

Nous avons sélectionné ici plusieurs affaires emblématiques du mouvement social pour permettre la diffusion d’un travail collectif.

Vague d’arrestations à Rennes : Quand la flicaille sort le chalutier contre le mouvement social

 

Ce mardi dès 6h du matin, la police rennaise a procédé à la perquisition de plusieurs appartements de camarades à Rennes. À notre connaissance 5 d’entre eux sont actuellement toujours en garde-à-vue. Nous n’avons pas connaissance des faits exacts qui leurs sont reprochés, nous savons toutefois que les enquêtes concernent plusieurs manifestations s’étalant de février à avril 2023, lors du mouvement social contre la réforme des retraites. Elles comprennent dans leurs motifs une association de malfaiteurs à caractère criminel, information confirmée par nos avocats mobilisés sur ces garde-à-vues.

 

À Rennes, ce n’est pas la première fois que le mouvement social est confronté à une tentative de criminalisation de cette envergure : en 2016, lors du mouvement contre la Loi Travail, 20 personnes qui participent à une action « métro gratuit » sont visées par une instruction criminelle et inculpées pour « association de malfaiteurs ». Très vite, la solidarité se diffuse au sein du mouvement social : personne ne se rend aux convocations, l’instruction se fissure. Après des années de procédure, l’affaire des « 20 du métro » finit en queue de poisson pour nos enquêteurs adeptes du coup de filet : les camarades s’en sortirons finalement avec de simples amendes contraventionnelles. Nous avons écrit plusieurs textes sur cette affaire, disponibles sur notre blog : https://defensecollective.noblogs.org/post/2021/04/02/comment-la-justice-rennaise-veut-qualifier-des-assemblees-generales-de-lutte-en-association-de-malfaiteurs/ et https://defensecollective.noblogs.org/les-proces/affaire-des-20-du-metro-2016/

Dans ce mouvement des retraites, particulièrement combatif à Rennes, la solidarité au sein des cortèges et la diffusion de pratiques de défense collective ont été des atouts majeurs face à la répression : nous avons vu de très nombreuses arrestations finir sans suites, des camarades sortir par dizaines du commissariat sans avoir décliné leur identité, et même des affaires pourtant très médiatisées se terminer en relaxe pour les camarades. La honte pour nos pêcheurs du dimanche du comico de Rennes.

Pressurisés par la préfecture, la maire, et la presse qui dramatisent depuis le début du mouvement la moindre action contestataire, les flics n’ont plus comme seule solution pour apaiser les bourgeois que de monter de toutes pièces une enquête criminelle. Enquête qui leur permet de mobiliser plus de moyens répressifs qu’à l’habitude, quitte à ce qu’elle soit déqualifiée en raison d’un manque d’éléments tangibles par la suite. 

L’effet voulu est double : satisfaire la bourgeoisie rennaise effrayée, et paralyser par la peur les camarades du mouvement social. De notre côté n’oublions pas que la qualité parfois misérable de leur travail nous a déjà offert de nombreuses opportunités de relaxe devant les tribunaux.

Là où une GAV classique ne peut dépasser les 48h (qui sont déjà 48h de trop), une des particularité des enquêtes criminelles est de pouvoir prolonger cette durée jusqu’à 72h, puis 96h. Passées ces 48h une prolongation confirmera qu’il s’agit d’une instruction criminelle.

Il est possible que dans le cadre de ces affaires d’autres personnes soient recherchées : nous recommandons vivement à chacun de faire attention à ses affaires portées ou utilisées pendant le mouvement. Cela peut vouloir dire : s’en débarrasser, les prêter à quelqu’un d’autre, les cacher quelque part,… Toutefois pas de mouvement hâtifs : restons discrets sur ces déplacements ! Les flics comptent souvent beaucoup sur l’effet coup de pied dans la fourmilière : taper fort puis observer ensuite où ça s’agite, pour trouver leurs futures cibles.

Dans le cadre d’affaire de cette envergure il est régulier que les convocations (pour audition au commissariat) pleuvent. En toute circonstance IL NE FAUT PAS S’Y PRÉSENTER. Dans le cadre d’une enquête criminelle le refus de se présenter à une audition, ne pas y prêter serment et ne rien y déclarer sont trois faits punis de la même contravention. Un refus de masse permettra d’empêcher les flics d’établir des cibles précises (qui veut bien venir / qui ne veut pas). Par ailleurs répondre à des questions en audition peut également relancer l’enquête si elle s’essoufle, permet de créer de la matière contre des camarades… Nous avons déjà écrit un texte à ce sujet disponible sur notre blog : https://defensecollective.noblogs.org/se-defendre/convocations-esquivez-les-toutes/

Si vous recevez une convocation, contactez la permanence juridique de la DC sur signal au 07 51 28 26 11

Si l’événement peut sembler exceptionnel, il faut rappeler qu’il ne provoquera pas la dissolution du mouvement social. Si vous êtes convoqué.e.s, perquisitionné.e.s ou arrêté.e.s : c’est tout le mouvement qui vous soutiendra. 

Refusons la criminalisation du mouvement social et les montages d’affaires en épingle, répondons à cette situation en montrant que nous resterons mobilisé.es quoi qu’il advienne, rassemblons-nous jeudi à 16h devant le commissariat de Rennes si les camarades sont prolongés, mais aussi si ils sont présentés au tribunal pendant la journée !

Nous vous tiendrons au courant des évolutions dans la journée de jeudi.

De la rue aux tribunaux, DÉFENSE COLLECTIVE !

Panique à la préfecture, 3 camarades placé.es en détention provisoire : Appel à rassemblement mardi 21, 14h devant le TGI de Rennes

RASSEMBLEMENT MARDI 21 MARS DEVANT LE TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE DE RENNES À 14h

Depuis le début du mouvement à Rennes on constate de nombreuses interpellations pour très peu de suites judiciaires concrètes. Beaucoup de compositions pénales (procédure expéditive qui condamne sans donner de droit à se défendre, qui présume d’une reconnaissance de culpabilité, à laquelle il est possible de s’opposer, contactez nous si vous êtes concerné.e) qui n’ont pas encore été prononcées, et beaucoup de convocations pour des procès qui auront lieu l’année prochaine.
Après la débâcle du dispositif de police qui n’est ni parvenu a empêcher la manifestation du mercredi de rentrer dans le centre ville, ni les blocages du jeudi matin et encore moins les émeutes partout dans le centre ville le soir, le préfet et le procureur général de Rennes se devaient de sauver les meubles. Pour impressionner après leur petite conférence de presse, les chefs de la répression ont annoncé passer à la vitesse supérieure et choisissent maintenant de passer les personnes arrêtées en comparutions immédiates après leur garde-à-vue (GAV).

La préfecture a annoncé 13 GAV suite à la manifestation de jeudi soir. Nous avons eu des retours sur 8 d’entre-elles, dont les chefs d’inculpations se recoupent : dégradations, violences, vols…

– 1 camarade (mineure) est convoquée en mai
– 2 camarades (mineur.es) sont convoqué.es en comparution immédiate lundi
– 2 camarades sont convoqués en comparution immédiate lundi après-midi et ont été placés par le JLD sous CJ avec assignation à résidence jusqu’à l’audience
– 3 camarades sont convoqué.es en comparution immédiate mardi après-midi et ont été placés en détention provisoire samedi soir par le JLD

Ce placement en détention provisoire peut poser plusieurs questions.
Pourquoi les enfermer 72h de plus alors que d’autres sont rentré.es chez eux ? Pourquoi choisir de les faire comparaitre le mardi alors qu’il y a une audience de comparution immédiate le lundi ?

L’effet voulu est en tout cas clair : mettre la pression sur le mouvement social, et pouvoir dire dans la presse que le travail de repression est fait. Rappelons toutefois que les camarades qui sont en détention provisoire aujourd’hui n’ont pas été jugé.es coupables des faits qui leur sont reprochés, et qu’ils s’en défendront, le moment venu, devant le tribunal.

Qu’est ce que c’est une comparution immédiate ?

Procédure-boucherie, largement médiatisée pendant le mouvement des gilets jaunes, c’est une présentation directe devant un tribunal à l’issue de la GAV. En convoquant beaucoup de personnes à la même heure le procureur assure un jugement expéditif, et du chiffre pour le préfet et la presse qui n’attendent que ça : que les condamnations tombent par dizaines.

En comparution immédiate on peut accepter un jugement « immédiat », ou demander un délai pour préparer notre défense.

Il faut TOUJOURS demander un délai.
En comparution immédiate on se retrouve dans la même situation qu’en garde-à-vue : on ne connait pas les éléments de notre dossier, on ne sait pas quelles sont les preuves retenues contre nous. Même si notre avocat (souvent commis d’office) semble confiant, les peines qui tombent sont toujours ultra-dures, jusqu’à plusieurs mois de prison ferme, et surtout : presque jamais de relaxes.

Demander un délai est un droit que le juge est obligé de respecter. Lorsqu’on demande un délai l’audience change d’objectif : au lieu de décider de notre culpabilité et de notre peine, le juge doit choisir quel sera l’état de notre liberté en attendant l’audience de jugement ultérieure.
Afin de permettre à l’avocat de défendre un placement en liberté totale (en opposition à un placement en détention provisoire ou sous contrôle judiciaire) il faut avoir préparé des garanties de représentation : elles assurent au juge que l’on se présentera à notre audience de jugement.

 

Les Garanties de Représentation

– pièce d’identité (CNI, passeport)
– attestation de logement (quittance, facture)
– attestation de situation/d’activité (scolarité, travail, caf)
Il faut donner ses documents à une personne qui sera en capacité de contacter la permanence juridique de la DC afin de les transmettre aux avocat.es concerné.es.

Les camarades qui ont été placé.es en détention ce week-end ont présenté des garanties complètes et habituellement suffisantes au JLD. Celui-ci a d’ailleurs choisi concernant d’autres personnes de les laisser sortir sous contrôle judiciaire (assignation à résidence jusqu’à la comparution immédiate, ce lundi après-midi).

Pour le moment nous ne pouvons rien affirmer d’autre que : c’est un choix politique qui va dans la continuité du système répressif mis en place depuis le début du mouvement. Les flics arrêtent des manifestant.es au pif, les juges les placent en détention au pif aussi.
Les stratégies du mouvement social dans la rue inquiètent le pouvoir qui répond à sa manière : en accentuant les coups de pression sur les camarades qui y participent. Les blocages et les manifestations touchent là où ça fait mal, au Carré Rennais comme au MEDEF, l’économie prend cher et leur seule réponse possible est d’user et d’abuser du système policier et judiciaire.

Le placement en détention provisoire, si court soit-il, de camarades avant leur audience de comparution immédiate est une attaque politique à laquelle nous devons répondre.
Ne nous laissons pas impressionner par les évolutions des stratégies de maintien de l’ordre.

Rassemblons-nous devant le tribunal mardi à 14h (heure d’ouverture des audiences de comparutions immédiates) pour soutenir les camarades et ré-affirmer la force du mouvement social, qui restera toujours solidaire face à la répression.

En GAV : N’avoue JAMAIS

Les dernières semaines ont été chargées pour les flics et la justice, la stratégie actuelle des arrestations massives encombre les tribunaux et les commissariats, ne leur laissant pas la possibilité d’enquêter efficacement. Le seul moyen pour eux d’avoir des condamnations est d’obtenir des aveux.

Pour les flics, c’est pour faire avouer sans preuves qu’ils usent de leur meilleur technique de chantage : « si tu parles tu sortiras plus vite » (alors même que cette décision ne leur revient pas) ou « les juges n’apprécient pas quand on ne dit rien tu sais » (quand c’est eux même qui te récitent que ne rien déclarer est un droit ».
Pour le procureur, un aveu permet d’enclencher une procédure accélérée appelée Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité (CRPC)

Ce dispositif destiné à éviter les surcharges de dossiers dans les tribunaux, permet de condamner sans débat au tribunal, sans même pouvoir se défendre avec un avocat qui aurait pu lire le dossier.
Pour le juge, un aveu permet de condamner lourdement sans avoir de doute sur la culpabilité de l’inculpé, et de ne faire tourner les débats qu’autour de la repentance, du profil social et de la personnalité.
A nous de faire dérailler la machine bien huilée de la répression en ne déclarant rien, et en refusant toutes les procédures accélérées.
Devant la justice et la police, n’avoue jamais, ne déclare rien !

Manifestations du 11 et 16 février. Dispersé.es aux quatre vents ou nassé.es tou.tes ensemble : faire dérailler la préfecture en toutes circonstances

CR stratégie de rue et répression à Rennes

Samedi 11 février

Revenons d’abord sur la journée de ce samedi 11 : en tête de cette manifestation à l’affluence rarement égalée à Rennes, se constitue un cortège de plusieurs milliers de personnes refusant de se soumettre à l’encadrement préfectoral et syndical.
Après un début de parcours tranquille, l’arrivée à République par le quai Zola est perturbée par une charge de la police, procédant à une première interpellation. Solidaire et déterminé, le cortège persiste et finit par atteindre la place. À l’initiative du comité d’action de l’AG de Rennes 2, la tête de manif stagne sur Répu pour obliger le dispositif policier à se redéployer, laissant le champ libre vers le sud. S’en suit une longue séquence d’affrontements à Répu, pendant laquelle une bonne partie de la tête de manif continue son chemin vers place de Bretagne, et se retrouve isolée par les salves de lacrymos. L’ampleur du cortège continuant à affluer sur République et se répandant dans les rues adjacentes contribue à mettre les flics en difficulté, chassant notamment la BAC de sous les arches, son repère habituel.
Suite à cette séquence, une partie importante du cortège quitte la place et prend la direction du sud vers le centre commercial Alma, afin d’y rejoindre une action appelée par l’Assemblée Générale de lutte Interprofessionnelle (AGI). Un demi-tour en catastrophe des camions de flics boulevard de la Liberté prend de vitesse les manifestants, découpe le cortège au passage de la rue Joffre, donnant lieu à une dispersion désordonnée de la centaine de personnes se retrouvant isolées à Charles de Gaulle.
Malgré plusieurs interpellations pendant la dispersion et l’échec de la tentative de rejoindre Alma en cortège, cette séquence marque la capacité de la manif à ouvrir des failles dans le schéma du maintien de l’ordre prévu par la préfecture. Tandis que de nouveaux affrontements reprennent place de la République et bientôt place de Bretagne, plusieurs dizaines de manifestants parviennent à atteindre le centre commercial et y mobilisent une partie du dispositif habituellement réservé pour le centre-ville : une dizaine de camions de la police anti-émeute de Rennes, dont l’un des canons à eau !
Le dispositif policier, désormais extrêmement étiré dans l’espace, finit par rompre, et un cortège de plusieurs centaines de personnes réussi à s’engouffrer dans le centre ville et à y défiler, allumant de nombreuses barricades dans son sillage. Arrivés place Sainte-Anne après l’envahissement du centre commercial La Visitation, un bref passage devant la Maison du Peuple permet à quelques camarades de symboliquement en rouvrir les portes et de monter sur le toit. Puis les affrontements reprennent de plus belle sur la place, et ce jusqu’au coucher du soleil, où la manifestation prend fin.
À la suite de cette journée la préfecture a annoncé l’interpellation de 23 personnes. De notre côté, nous pouvons confirmer que 5 d’entre elles ont fait l’objet de poursuites. Les chefs d’inculpation deviennent habituels : refus de signalétique, rébellion, violence sur policier et port d’artifice non-détonant.
    – 1 composition pénale pour refus de signalétique
    – 1 procédure accélérée de CRPC pour rébellion (à ce sujet, voir notre compte-rendu de la manif du 31 janvier) avec une peine relativement lourde : interdiction de manif pendant 6 mois, 105 heures de TIG et 500€ de dommages et intérêts pour les flics (parties civiles)
    – 2 passages devant un Juge des Libertés et de la Détention (JLD) pour une convocation début mars devant le tribunal correctionnel, pour violences et refus de signalétique, avec en attendant un Contrôle Judiciaire (CJ) : interdiction de manifester dans le 35
    – 1 comparution immédiate (CI) pour violences sur policier avec arme, transport d’artifice non détonant et refus de signalétique, la camarade a demandé un délai pour préparer sa défense (ce que nous recommandons), et s’en sort avec un CJ en attendant son procès (en mars) : pointage hebdomadaire au commissariat, interdiction de manifester et interdiction de port d’arme

Jeudi 16 février

La préfecture a annoncé le chiffre de 57 interpellations, un record national depuis le début du mouvement. Ce chiffre cache en réalité une tentative de fichage de masse ayant lamentablement échoué.
En amont de la journée de mobilisation de jeudi dernier, une action d’envahissement des voies ferrées avait été décidée en comité d’action de l’AG de Rennes 2. Pour mener à bien cet objectif, le cortège s’engage rue Saint-Hélier au lieu de suivre l’avenue Janvier, prenant de court la flicaille postée un peu plus loin, qui avait prévu d’intervenir au niveau du lycée Zola pour découper le cortège, comme cela se faisait déjà en 2019. Ce mouvement a laissé les flics le bec dans l’eau pendant un long moment, laissant le temps aux camarades d’atteindre la zone de fret ferroviaire.
En effet, le dispositif, bloqué par de nombreuses barricades de poubelles, n’a pas pu empêcher le cortège d’atteindre les rails. Les flics de la CDI, arrivés trop tard ont dû se déployer en urgence pour empêcher les manifestant.es, avançants sur les rails, d’investir la gare.
Cette action n’a duré que quelques minutes mais a permis de bloquer la circulation des trains pendant près de 2 heures
Lorsque le cortège a quitté les rails, les flics ont profité d’un moment d’incertitude quant au trajet à emprunter pour effectuer une manœuvre confuse sur le pont de Saint-Hélier. Cela a eu pour effet de faire fuir une partie du cortège et de former une nasse autour du morceau restant.
Suite à une discussion dans la nasse, la majorité des camarades ont donné le nom collectif « Camille Dupont », et ont gardé le silence pour TOUT LE RESTE, dans la nasse comme au comico, y compris face aux petites provocs dans les couloirs. Ils et elles n’ont pas donné leurs empreintes digitales
Stocké.es comme du bétail dans le parking extérieur du commissariat, pris en photo avec un numéro et leurs affaires répandues sur le sol, ils et elles ont été emmené.es un par un dans les bureaux d’OPJ désemparés, qui ont tenté tous les mythos possible pour les menacer de gardes-à-vue. Les camarades n’ont pas cédé. 
Résultat: zéro identité, zéro fichage, zéro poursuite !
À notre connaissance, parmis les arrêté.es de ce 16 février, seules 3 personnes,  arrêtées en dehors de la nasse, sont sorties avec convocation, résultat : 
  • 1 composition pénale pour refus de signalétique (camarade interpellé dans le cortège et placé en garde-à-vue suite à une accusation bidon de feu de poubelle, fautes d’éléments les flics ont dû se rabattre sur le classique refus de signalétique)
  • 1 composition pénale pour port d’arme (suite à une arrestation préventive avec fouille de sac)
  • 1 pour laquelle nous n’avons pas d’informations (si vous en avez n’hésitez pas à nous contacter)
N’oublions jamais de vérifier le contenu de nos sacs avant de partir en manif : les fouilles préventives aux abords du départ de la manif, ou une arrestation au pif lors d’une charge peut déboucher sur des poursuites pour un banal oubli (carnet de notes, opinel utilisé au quotidien, stupéfiants…)

Retourner la nasse à notre avantage ?

La nasse comme une forme de blocage 

La nasse est une technique d’intervention de la police mise en place lorsque l’encadrement classique de la manifestation échoue, par exemple lorsque le cortège sort du parcours préfectoral ou que des actions offensives sont menées sur son trajet.
Lorsque le dispositif est dépassé de cette manière, il doit se réajuster en urgence, par exemple au travers d’une nasse, destinée à immobiliser la partie du cortège considérée comme responsable des débordements. Or, être immobile est parfois à notre avantage !
Nous pouvons poser la question d’utiliser la nasse comme une forme de blocage efficace : si nous nous faisons nasser sur les rails (en étant très nombreux), ou au milieu d’une rue très passante, sur une rocade, dans une zone industrielle, nous pouvons imaginer que notre position aura un impact sur l’économie qui nous entoure.
De manière générale il vaudrait mieux se faire nasser dans ce genre de situation (dans un espace public et/ou utile à l’économie) que dans un quartier résidentiel désert. 

La nasse pour embourber le dispositif policier 

Dans la rue, nasser plusieurs dizaines voire centaines de personnes nécessite de mobiliser un grand nombre d’effectifs policiers pendant un long moment. 
Au commissariat, mener les démarches pour vérifier l’identité de 60 personnes requiert un travail bureaucratique et répétitif, qui provoque la mise en pause d’une bonne partie des activités des flics, en plus de démoraliser des OPJ exaspérés par l’absurdité de la situation.
Immobilisant toute une partie du dispositif mis en place par la préfecture, les nasses ouvrent potentiellement des brèches pour d’autres initiatives ailleurs. 
Prenons comme exemple celle de jeudi : elle n’a pas piégé l’entièreté du cortège, pourtant tous les flics de la CDI étaient là pour s’en occuper, la manifestation aurait pu continuer sans se soucier d’être suivie par ces effectifs habituellement très mobiles.
Les issues judiciaires de cette manœuvre sont forcément très maigres : personne n’imagine le comico central capable d’accueillir 50 personnes en garde-à-vue, ils n’ont déjà pas été capables de vérifier l’identité des camarades de manière effective.

La nasse comme isoloir géant

Quand on est nombreux.ses, une nasse en fin de manifestation peut être saisie comme l’occasion de permettre à chacun.e de se débarasser de divers matériel, de prendre le temps de changer de vêtements, de cacher ses équipements de protections. C’est un moment beaucoup plus long qu’une planque sous un parapluie ou dans un hall d’immeuble quand les flics nous traquent pendant une dispersion. 
De manière générale, la fuite individuelle est rarement une situation bénéfique. Lors de la manif du samedi 11, la dispersion a donné lieu à au moins 6 arrestations (+ de 20 selon les chiffres de la préfecture) pour 4 poursuites judiciaires, contre 54 arrestations pour 0 poursuites ce jeudi !

La nasse comme espace de diffusion des pratiques de défense

La meilleur manière de se défendre face à la police est l’action collective, quoi de mieux alors que de se faire « interpeller » avec 50 camarades ?
Nous devons profiter des nasses en les investissant comme espace d’échange autour des techniques de défense en cas d’arrestation : donner des conseils aux camarades qui se font arrêter pour la première fois, se soutenir les un.es les autres, diffuser des stratégies qui sont efficaces si elles sont saisies par la plus grande partie du mouvement : le nom collectif, le rien à déclarer, le refus de signalétique…
Il est certain que la balade au comico de jeudi dernier, qui était la première pour beaucoup de camarades interpellé.es, au lieu d’intimider a plutôt donné la force à tou.tes de se dire « la prochaine fois, quand on sera seul.e, ou moins nombreux.ses, on pourra faire face ».
Transformons la nasse en bourbier pour les flics et la justice, en isoloir qui permet de s’échanger vêtements et affaires, en espace pour prendre le temps de discuter, et en lieu de transmission de l’expérience collective sur la répression et comment y faire face. 

CES DEUX INTENSES JOURNÉES DE MANIF NOUS DONNENT DES PERSPECTIVES POUR LA SUITE

  • De la rue au commissariat, même entre de mauvaises mains, on a souvent l’occasion de diffuser les pratiques et les connaissances pour faire face à la répression collectivement, et construire une solide culture de la défense et de la lutte
  • En s’organisant les manifestant.es peuvent ouvrir des brèches dans des cortèges encadrés et des trajets verrouillés, et ainsi libérer les initiatives de tous ordres pour que le mouvement prenne de l’ampleur et de la force
POST-SCRIPTUM : Nous avons appris par voie de presse l’ouverture d’une enquête criminelle visant le jet de cocktails molotovs lors des affrontements à République le samedi 11 février. Nous n’avons connaissance d’aucune suite à cette enqupete à ce jour.

Manifestation du 7 février et occupation de la Maison du Peuple : Arrêter pour ficher, des vieux réflexes au poulailler

Compte-rendu de la répression à Rennes

Revenons sur le début de cette semaine chargée pour le mouvement social, en questionnant la stratégie de la police et de la justice sur la manifestation du 7 février et l’occupation de la Maison du Peuple.

7 février

Concernant la manifestation de mardi, la préfecture a annoncé l’arrestation de 13 personnes. De notre côté, nous pouvons en confirmer 12. 
Les chefs d’inculpations sont principalement « refus de se soumettre aux opérations de relevés signalétiques » et « violences sur Personne Dépositaire de l’Autorité Publique (PDAP) ». Trois autres délits ont été notifiés : rébellion, dégradation et port d’artifice non détonant. 
Suite à ces 12 GAV, voici le bilan que nous avons établi: 
– 4 camarades sont sorti.es sans suites
– 4 camarades sont sorti.es avec des convocations pour procès ultérieurs
– 3 camarades sont passé.es devant un Juge des Libertés et de la Détention (JLD), ce qui a donné lieu à leur placement sous Contrôle Judiciaire (CJ), en l’espèce : interdictions de manifester dans le département en attendant les procès, qui auront lieu au mois de juillet.

Maison du Peuple

Sur le toit de la MDP, les 25 camarades sont resté.es solidaires, groupé.es, et ont refusé de quitter individuellement la MDP pour éviter les arrestations et coups de pressions isolés. Ils et elles ont toutes et tous été emmené.es au poste de police pour une vérification d’identité. 
Une vérification d’identité est une procédure pendant laquelle les flics sont chargés de trouver et confirmer l’identité d’une personne interpellée, elle peut durer jusqu’à 4h et ne conduit pas nécessairement à des suites judiciaires. Dans le cadre des verifs, nous conseillons de n’avoir sur soi aucun papier permettant de nous identifier, et de refuser de donner ses empreintes ou de se faire prendre en photo pour prouver notre identité. LAISSONS LES FLICS SE DEBROUILLER SEULS ! 25 flics mobilisés pendant 4h sur des verifs minables, c’est un comico saturé, des enquetteurs à bout de nerfs, et des dizaines d’autres procédures retardées.
En parlant des rares suites judiciaires des verifs : suite à ces 25 vérifications d’identité, seules 4 personnes sont placées en GAV. 1 sortie sans suite et 3 sorties avec convocation en avril 2024 pour refus de se soumettre aux opérations de relevés signalétiques.
***
Contrairement aux arrêté.es de la semaine dernière, aucun camarade n’a été jugé via une procédure accélérée de type CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité = reconnaître les faits dès la garde à vue, et être condammé sans procès ni possibilité de se défendre, cf. compte rendu du 31 janvier). 
A noter également : il n’y a toujours pas eu de présentation en Comparution Immédiate (procédure pendant laquelle le prévenu est présenté devant un tribunal et peut décider de demander un délai pour préparer sa défense – ce que nous recommandons – ou accepter un jugement immédiat pour les faits qui lui sont reprochés) depuis le début de ce cycle de manifestations, alors que c’était une procédure énormément utilisée pendant les Gilets Jaunes. 
***
Les 4 camarades de la manifestation du mardi et les 3 camarades de la maison du peuple convoqué.es ultérieurement sont donc tous poursuivi.es pour refus de se soummettre aux opérations de relevés signalétiques. Cela consiste en : refuser le relevé de nos empreintes digitales et palmaires, et refuser de se faire prendre en photo.  

Refus des relevés signalétiques et prélèvements biologiques ?

La demande de relevés signalétiques peut intervenir à différents moment lorsque l’on se trouve au poste de police. Dans un premier temps, lors de la vérification d’identité, la police peut demander ce relevé sous prétexte de n’avoir aucun autre moyen de vérifier notre identité (ce qui est le plus souvent complètement faux !). 
Dans un second temps, lorsque l’on est placé en GAV, étant souçonné.e d’avoir commis un délit, la police demande quasi-systématiquement ce relevé, assorti parfois d’un prélèvement biologique (ADN), prélèvement qui nécessite normalement une procédure différente, mais qui dans les faits est souvent groupé arbitrairement avec les relevés signalétiques. 
Les relevés signalétiques (et prélèvements biologiques), comme la GAV de manière générale, sont des procédures voulues très encadrées et réservées aux besoins des enquêtes en cours; mais dans une réalité judiciaire où les enquêtes sont l’exception et non la règle, et où les GAV ne servent en vérité que d’usine à aveux et à PV bidons (voir notre CR de la semaine dernière), la collecte quasi-systématique des empreintes, des photos et de l’ADN sert surtout au fichage généralisé des manifestant.es.
L’ensemble de ces informations prélevées par la police, quel que soit le moment où cela intervient, rejoignent le FAED (pour la signalétique : Fichier automatisé des Empreintes Digitales) ou le FNAEG (pour les données biologiques : Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques), et y sont conservées de nombreuses années : 25 ans lorsque l’on est mis en cause (donc potentiellement classé sans suite), et 40 ans lorsque l’on est condamné par un tribunal (quelle que soit la gravité des faits reprochés).
Le refus de se soumettre à ces prélèvements est un délit en soi, qui peut soit nous mener en GAV, soit s’ajouter aux autres délits qui nous sont déjà reprochés. 
Il nous semble toutefois préférable de s’en sortir avec une convocation pour un procès ultérieur à ce sujet, plutôt qu’avec nos données inscrites dans un système de fichage généralisé des manifestant.es et de la population. N’oublions pas qu’une convocation ne veut pas dire une condamnation : il y a toujours de nombreux arguments à user pour s’en sortir !
ASTUCE : Au lieu de répondre « non » à un flic qui nous demande si l’on accepte de se soumettre aux prélèvements, répondons toujours « JE N’AI RIEN A DECLARER », cela peut s’avérer utile pour la suite.

Pourquoi refuser le fichage ?

Pour nous, refuser le fichage est un positionnement politique indispensable et collectif.
– Refuser les prélèvement n’expose pas toujours à des poursuites : il arrive souvent que des camarades sortent de GAV sans suite alors même qu’ils et elles ont refusé de s’y soumettre !
– Nous ne pouvons pas assurer que les demandes de suppression des données enregistrées aboutissent, et ce même si la GAV est classée sans suite ou que vous êtes relaxé.e lors de votre procès !
– Nos données génétiques (ADN) permettent d’identifier toute notre famille, accepter les prélèvements biologiques n’est donc jamais une décision individuelle !
– Seule une petite partie de l’ADN est prélevée, ce qui signifie qu’il peut exister de nombreuses correspondances entre l’ADN de deux personnes pourtant bien distinctes. Ce n’est donc pas une source infaillible dans une enquête !
– Les échantillons génétiques sont gérés par des laboratoires privés sur lesquels nous n’avons aucune information !
– Une fois enregistré.es dans les fichiers de police (FAED et FNAEG) nous n’avons aucune assurance de la destination ou des possibilités de partage des informations que nous avons donné car il n’existe aucun contrôle sur les fichiers et leur gestion !
– Etre intégré.e à une banque de données sur la base de simples suspicions est une grave atteinte à la vie privée de chacun.
– Nos données signalétiques et génétiques nous appartiennent et ne doivent devenir la propriété ni de l’Etat, ni de sa force répressive, ni de quiconque !
– Conservés pendant des dizaines d’années, ces fichiers sont aux mains des futurs changements legislatifs et gouvernementaux. Ils pourraient être vendus à des entreprises privées, ou utilisés par un régime d’extrême-droite pour ficher et traquer des opposants politiques
Pour conclure, refuser le fichage c’est aussi prendre part à des batailles judiciaires toujours en cours sur ces questions ! En te battant au tribunal aux côtés de la Défense Collective, tu peux gagner et participer au combat contre ces pratiques repressives !
***
Sur 37 interpellations confirmées, seulement 11 dossiers donneront lieu à des suites judiciaires, dont 8 pour refus de se soumettre au prélèvement signalétique.
A nos yeux la stratégie est claire : 
– Arrestations de masse (parfois violentes), visites du comico inutiles, et GAV parfois longues qui finissent en classements sans suite : foutre la pression pour dissuader les gens de remettre les pieds en manif.
– Relevés signalétiques et prélèvements biologiques à la pelle : mettre en place le fichage généralisé du mouvement social.
– Distribution de Contrôles Judiciaires basés sur du vent : empêcher sans procès les camarades de revenir participer aux manifs rennaises.
  
Ne laissons jamais les flics nous décourager par leurs stratégies, et utilisons plutôt notre force et notre nombre pour leur faire perdre du temps : ne déclarons rien, même lorsqu’ils nous demandent les relevés signalétiques-biologiques. Face à la répression et ses magouilles, construisons la culture de la défense !
Avec un mouvement aussi déterminé et débordant qu’à Rennes, les procès s’accumulent vite. Contrairement à ce qui se voit dans d’autre villes, la Défense Collective fait le choix politique de ne pas travailler avec des avocats militants ou bénévoles, et ce afin de bénéficier de la meilleure défense possible, et que celle-ci reste fermement entre les mains des inculpé.es et du mouvement social, et non celles de spécialistes avec leur propre agenda militant. Si vous souhaitez aider à payer les frais des avocats qui plaideront pour les affaires mentionnées ces dernières semaines, vous pouvez faire un don à la caisse de soutien aux inculpé.es sur Hello Assohttps://www.helloasso.com/associations/association-etudiante-de-soutien-juridique-et-administratif

Continuons la lutte et surtout : REFUSONS LE FICHAGE ! De la rue aux tribunaux, DEFENSE COLLECTIVE !

Manif du 31 à Rennes : Arrestations au pif et dossiers bidons, plongée en eaux troubles au comico central

Après cette grande manifestation du 31 janvier, nous avons tâché de faire un état des lieux des arrestations menées par les flics et de leurs conséquences actuelles.


Des recours étant toujours possibles pour la totalité des personnes qui se sont faites serrer, nous vous invitons à nous contacter pour toutes démarches allant dans le sens de continuer à se défendre face à la répression.

D’après la préfecture, 16 personnes ont été placées en GAV suite à la manifestation. De notre côté, nous pouvons confirmer 3 interpellations préventives aux alentours du Mail, au moins 10 interpellations au cours de la manifestation et 2 interpellations place Sainte-Anne. Les chefs d’inculpations sont : « violences sur Personne Dépositaire de l’Autorité Publique (PDAP) », agrémenté de « jet de projectile » dans la plupart des cas.

Au bout de deux journées d’attente, voilà ce qui est ressorti des suites des GAV :

– 3 camarades s’en sont sortis sans suite
– 3 camarades sont sortis de GAV avec des convocations pour procès ou composition pénale en mars 2023 (on expliquera dans d’autres publications comment marchent ces procédures)
– 6 camarades sont passés devant un juge des libertés et de la détention (JLD) et se retrouvent avec une interdiction de manif jusqu’aux dates des procès, qui tombent entre mai et juillet 2023
– 2 camarades sont passés en procédure accélérée de CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et ont été condamnés à des peines relativement lourdes pour des primo-délinquants : 6 mois de prison avec sursis et autant de temps d’interdiction de manif et d’inéligibilité.

Avec des arrestations collectives quasi-systématiques, les flics remplissent leur quota sans se soucier des suites judiciaires réelles : on se doute déjà que la plupart des dossiers sont vides ou mal montés. Le réel objectif de la manœuvre est clair : la distribution d’interdictions de manif à la pelle en attente des procès cet été, et ce afin d’empêcher les gens de participer au mouvement social.

Il est bon de rappeler que pour bricoler leurs dossiers, les flics usent d’une bonne vieille méthode : faire parler pour combler les trous.

Avec le système des arrestations hasardeuses à la chaine, les seules personnes qui peuvent produire des preuves sont celles qui se font arrêter, et les flics n’hésitent pas à mentir et recourir à toutes sortes de coups tordus pour obtenir des aveux :

« Si tu ne prends pas d’avocat ni de médecin, tu sortiras plus vite »

D’emblée, les flics ont usé de ce coup classique pour faire en sorte que les personnes arrêtées (notamment les plus jeunes), n’aient aucun moyen d’avoir des informations précises sur leurs droits en GAV.

Le fait de raccourcir sa GAV en ne prenant pas d’avocat ni de médecin est une ARNAQUE, qui prive les gens arrêtés d’un certain nombre d’informations cruciales, telles que :

Le DROIT A GARDER LE SILENCE tout au long de l’audition, un droit qui ne peut être reproché à qui que ce soit (PRÉCISION : garder le silence n’est pas dire oui/non/je ne sais pas, c’est ne rien déclarer du tout).

– La seule chose qu’on est tenu de donner en garde à vue c’est le PETIT ETAT CIVIL (et rien d’autre !)  : NOM, PRÉNOM, DATE et LIEU DE NAISSANCE, ADRESSE ET BASTA !
Le numéro de portable, la profession, les études, ou les infos des parents ou tout autre information sur votre vie personnelle N’EN FONT PAS PARTIE.

– On ne sait ce qu’il y a dans le dossier QU’À LA TOUTE FIN DE LA GAV, et notamment les ERREURS DE PROCÉDURE qui ne pourront être examinées que plus tard en relisant le dossier COMPLET.

Conséquences : les gens qui n’ont pas pris d’avocats ne sont absolument pas sortis plus vite, et font partie de ceux qui ont pris directement des sanctions lourdes faute d’avoir eu les informations correctes.

ATTENTION : tous les avocats (et encore moins les commis d’office) ne donnent pas un véritable accès aux droits des arrêtés. C’est pour cette raison que nous vous recommandons de passer par les avocats de la Défense Collective en écrivant à l’avance au marqueur LEUR NUMÉRO SUR LE BRAS OU LA JAMBE :

PERMANENCE JURIDIQUE DE LA DEFENSE COLLECTIVE : 07 51 28 26 11
MAITRE DELPHINE CARO : 06 50 44 52 33
MAITRE NICOLAS PRIGENT : 06 79 48 32 92
MAITRE OLIVIER PACHEU : 06 73 07 12 83

«Si tu avoues, la peine sera moins lourde »

L’aboutissement de leur technique de chantage se retrouve dans leur capacité à produire des aveux par la négociation sur la peine et la durée de garde-à-vue : des camarades à qui l’on reproche des jets de projectiles se retrouvent à avouer en GAV à l’OPJ des choses dont les flics n’avaient sans doute pas la moindre preuve !

PIRE : le fait de reconnaître les faits permet au procureur d’enclencher une procédure accélérée appelée Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité (CRPC).
Ce dispositif, destiné à éviter la surcharge de dossiers dans les tribunaux, permet de condamner une personne SANS DÉBAT AU TRIBUNAL, sans même qu’elle puisse se défendre avec un avocat qui aurait pu lire le dossier.

Après cette manif, en reconnaissant ces faits, les deux camarades se sont retrouvés piégés dans cette procédure sans avoir pu réfléchir une seule seconde à leur stratégie de défense, sans avoir pu voir leur dossier, ni même savoir si la police avait la preuve des faits ailleurs que dans des déclarations au poste.

Le dossier, qui pouvait comporter des erreurs, n’aura même pas pu être examiné par un avocat compétent qui aurait pu y trouver des VICES DE PROCÉDURES, souvent très nombreux dans les affaires de manifestations où beaucoup de gens sont arrêtés.

Bilan de cette GAV : les camarades ayant accepté la CRPC écoperont de peines dures pour des personnes dont le casier était vierge : six mois de sursis, six mois d’inéligibilité et six mois d’interdiction de manifester en Ille-et-Vilaine !

Pouvoir condamner facilement, lourdement, rapidement et sans passer par un juge : autant de raisons suffisantes pour que les flics poussent les arrêtés à avouer, en jouant ici sur leur ignorance et en leur mentant ouvertement sur le fait qu’elles prendraient une peine moins lourde.

Face à des flics moins soucieux de construire des dossiers cohérents que de faire chanter les gardés à vue, n’oublions jamais que la meilleure défense est de NE JAMAIS RIEN DÉCLARER, et de REFUSER LES AVEUX ET LA CRPC !

Toutes les bonnes raisons de parler présentées par la police ne sont que des pièges, garder le silence est un droit et le seul moyen de briser collectivement la machine répressive. Les flics veulent produire des coupables en masse pour affaiblir le mouvement social, ne leur facilitons pas le travail : nous n’avons rien à déclarer, rien à expliquer, rien à justifier.

De la rue aux tribunaux, DÉFENSE COLLECTIVE !

Défendons le mouvement social face aux attaques fascistes !

UNE ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SE DÉFEND CONTRE DES NAZIS, UN CAMARADE FINIT EN PRISON

RASSEMBLEMENT DE SOUTIEN POUR SON PROCÈS LE 24 NOVEMBRE, 14H30 DEVANT LE TRIBUNAL JUDICIAIRE DE RENNES

Mardi 18 octobre, dans un contexte national de grèves et de blocages pour la hausse des salaires, une journée de mobilisation avait lieu à Rennes et partout en France. À l’issue de cette journée, une Assemblée Générale de lutte contre la vie chère se déroulait à l’Université Rennes 2, assemblée à laquelle participaient de nombreuses organisations et syndicats.

En réaction à cette journée de mobilisation, des appels à s’en prendre aux lieux d’organisation circulaient sur les réseaux d’extrême-droite : À Lyon, des militants nationalistes s’en sont pris à des piquets de grèves, à Metz des colleurs d’affiches ont été intimidés, tandis qu’à Amiens c’est le cortège syndical qui fut la cible d’une attaque.

Ce jour là à Rennes, pendant l’AG, trois militants néonazis ont été aperçus aux abords du hall où elle avait lieu. Ils ont été reconnus notamment suite à leur présence à un meeting de Jordan Bardella (actuel président du Rassemblement National) aux côtés de l’Action Française, organisation royaliste et antisémite. Ces mêmes militants figuraient également dans plusieurs vidéos publiées sur Ouest-Casual, réseau de partage néonazi et suprémaciste à travers l’Europe, dans lesquelles ils se mettaient en scène en train de voler du matériel syndical à l’université (tracts, banderoles) pour ensuite les brûler devant la librairie libertaire rennaise « La Commune ».

Ces trois militants néonazis se préparaient vraisemblablement à attaquer l’Assemblée Générale et à s’en prendre aux personnes présentes. Après que des camarades les aient entendus discuter entre eux d’attendre d’être rejoints par d’autres militants d’extrême-droite pour lancer leur attaque, la décision fût prise unanimement de sortir collectivement les expulser du campus avant qu’ils n’aient le nombre ou la force de mener à bien leur projet d’attaque. Les trois nazillons ont été rapidement mis en déroute, laissant derrière eux une sacoche contenant cagoules et gants coqués. Grâce à la détermination des camarades présents, l’Assemblée Générale a pu se poursuivre sans autre incident.

Quatre jours plus tard, ces mêmes militants néonazis étaient présents à la « manifestation pour Lola » où ils portaient fièrement une banderole « White Lives Matter » et, agrémenté de saluts nazis, scandaient les mêmes slogans que l’on a pu entendre partout en France lors de ces rassemblements : « migrants assassins », « la seule solution c’est la remigration », « la justice c’est nous ». Le soir même, ces derniers menaient une attaque de 20 personnes contre les terrasses de deux bars du centre-ville, là encore déjouée grâce à la mobilisation antifasciste.

Après chacune de ces attaques infructueuses, les mêmes qui pourtant profèrent à qui veut l’entendre leur dégoût de la justice française n’ont pas hésité à porter plainte contre nos camarades. Quand la manière forte échoue, ils sollicitent sans scrupules l’appui du pouvoir judiciaire, lui même bien content de se saisir de ces affaires pour criminaliser toujours plus le mouvement social qui se défend. Cette stratégie n’a rien de nouveau à Rennes, depuis des années les fascistes tentent de s’en prendre aux grèves, aux blocages, aux occupations ou encore aux manifestations pour les droits LGBT, et portent plainte de manière systématique quand leurs tentatives échouent.

Suite à ces plaintes, sur la trentaines de personnes présentes pour empêcher les nazis de s’attaquer à l’Assemblée Générale du mardi 18 octobre, un camarade a été arrêté et placé en détention provisoire. Militant régulièrement visé par la justice, il passera en procès pour « violences » le 24 novembre prochain.

En criminalisant l’action de nos camarades, le pouvoir judiciaire vient valider cette stratégie des militants néonazis rennais, et envoie un signal fort à tous les fascistes du pays en les invitant à continuer de s’en prendre au mouvement social. Nous n’oublions pas que c’est aussi par ses attaques contre les espaces de lutte, contre le mouvement social ou encore contre les syndicats, que le fascisme est arrivé au pouvoir par le passé. Ce procès à venir n’est donc pas le procès d’une seule personne, mais bien celui du droit des espaces de lutte à se défendre face aux attaques de l’extrême-droite. C’est pourquoi nous appelons à nous rassembler et à être le plus nombreux possible le jeudi 24 novembre prochain à 14h30, devant le tribunal judiciaire de Rennes.

FACE AUX ATTAQUES DE L’EXTRÊME DROITE ET DU POUVOIR JUDICIAIRE, DÉFENDONS LE MOUVEMENT SOCIAL, LES GRÈVES, LES BLOCAGES, LES OCCUPATIONS, LES MANIFESTATIONS ET LES ASSEMBLÉES.

LIBERTÉ POUR TOUS LES CAMARADES ANTIFASCISTES !

Pour soutenir financièrement le camarade dans sa détention et aider à financer ses frais de justice, vous pouvez faire un don sur la cagnotte suivante : https://www.helloasso.com/associations/association-etudiante-de-soutien-juridique-et-administratif/formulaires/3/widget

APPEL À SOUTIEN : UN CAMARADE RENNAIS INCARCÉRÉ SUITE À LA PLAINTE D’UN NÉONAZI

Mardi 25 octobre, suite à la plainte d’un militant d’extrême-droite, un camarade rennais a été interpellé. Après 48h de garde-à-vue, il a fait l’objet d’une comparution immédiate au cours de laquelle il a demandé un délai pour préparer sa défense. Le camarade, militant régulièrement visé par la justice, a été placé en détention provisoire et est actuellement incarcéré à la maison d’arrêt de Vezin en l’attente de son procès qui aura lieu le 24 novembre. Il lui est reproché des faits de violence avec plusieurs circonstances aggravantes ainsi que le refus des prélèvements signalétiques et biologiques.

À l’heure où l’extrême-droite monte en puissance partout en Europe, l’institution judiciaire n’hésite pas à s’appuyer sur les plaintes bidons des fascistes pour mener sa guerre contre le mouvement social et ses acteurs. Face aux attaques de la police, de la justice et de l’extrême-droite, nous appelons à défendre le mouvement social et à soutenir le camarade.

Ne cédons pas face à la répression, plus que jamais dans ce contexte d’attaques de grande ampleur sur nos conditions de vie, défendons-nous ! Soutien à tous les participants du mouvement social !

Pour soutenir le camarade dans sa détention et aider à payer sa défense, vous pouvez faire un don sur la cagnotte.

Comment la justice rennaise veut qualifier des assemblées générales de lutte en association de malfaiteurs

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Appel au mouvement social à défendre ses formes d’organisation ouvertes face aux attaques politiques du pouvoir judiciaire.

Le 13 avril prochain à la cour d’appel de Rennes, des camarades feront une nouvelle fois face à la justice dans le cadre de « l’affaire du métro », une information judiciaire démarrée durant le mouvement contre la loi Travail en 2016 contre la trop débordante mobilisation rennaise.

Ce procès concerne l’ensemble des acteurs de la lutte en France, bien au-delà des personnes condamnées en première instance : cette audience a pour enjeu la possibilité par des juges de pouvoir condamner sous le chef d’inculpation d’association de malfaiteurs toute personne ayant participé à une décision collective de blocage économique (sans même avoir à y prendre part) lors d’une assemblée générale, un comité action ou une réunion syndicale.

Ce texte, en plus d’appeler à soutenir les camarades le jour de leur procès, a pour but d’expliquer le danger que représente une décision de justice qui pourrait réaliser un fantasme de tout bon régime autoritaire : pouvoir mettre sous contrôle judiciaire, condamner et enfermer des opposants politiques non plus seulement pour leurs actes mais pour leur participation à des lieux de décisions collectives.

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Signalétique et opéra : trois camarades au TGI de Rennes

Ce jeudi 5 septembre comparaissaient au TGI de Rennes trois camarades, jugés ensemble pour des faits identiques. En effet, une journée d’action avait eu lieu le 5 février 2019, à l’appel des syndicats et gilets jaunes (des lycéens s’y étant également joints), notamment devant le siège du Medef et à République. Au cours de cette journée, une camarade avait été embarquée en procédure de vérification d’identité. Deux heures plus tard, les flics avaient mis en place une nasse dans le centre-ville, débouchant sur des fouilles et de nouvelles vérifications d’identité au poste pour 8 personnes, parmi lesquelles les deux autres inculpés. Tous les trois donnent une fausse identité et refusent de se soumettre aux opérations de relevés signalétiques (empreintes + photos), refus pour lequel ils comparaissent au TGI ce jeudi.

Interrogés par le juge sur leurs motivations, deux camarades disent avoir été contrôlés plusieurs fois dans la journée et avoir refusé de coopérer par lassitude, une autre dit qu’elle attendait son bus et a été désignée du doigt par des flics qui sont venus la contrôler. Elle ajoute qu’elle a refusé les relevés signalétiques car elle ne savait pas ce que les flics allaient en faire. Les trois inculpés refusent en revanche de répondre aux questions sur leur profil social (travail, études, personnalité, etc.)

Le procureur, visiblement très inspiré par l’opéra Lohengrin de Richard Wagner qu’il cite avec acharnement, digresse sur les implications sociologiques du refus d’être identifié, assénant « qu’une société sans noms est une non-société ». Il ne manque cependant pas de relever l’absurde de la situation car dans le cas d’une camarade, le flic demeure lui aussi anonyme dans la procédure, pour des raisons discutables sur lesquelles la défense reviendra. Il finit par requérir 15 jours de prison avec sursis pour deux camarades, et 800 euros d’amende pour le troisième.

Du côté de la défense, assurée pour les trois inculpés par Maître Nicolas Prigent, ce problème d’anonymat donne l’occasion d’invoquer une nullité de la procédure concernant la première camarade à la barre. En effet, Maître Prigent souligne que cet anonymat du flic qui conduit la procédure n’est pas justifié, à la fois en raison de la faible gravité des faits reprochés et de l’absence de « risques pour la vie de l’agent ou de ses proches ».
Pour le reste, il tient la même ligne de défense pour les trois inculpés, et s’emploie à démontrer que les opérations de relevés signalétiques n’étaient pas justifiées car elles ne constituaient pas l’unique moyen de vérifier l’identité des camarades. Preuve en est que cette identité a fini par être établie rapidement, même après leur refus de se soumettre à ces opérations (l’un des inculpés affirmant même que les flics l’appelaient dès le début par son nom et son prénom). Il en conclut donc qu’il s’agit là uniquement d’une procédure de maintien de l’ordre, visant à retenir les camarades au commissariat et les empêcher de continuer la journée d’action.

Après délibération, les juges ont répondu favorablement à la nullité de procédure invoquée par la défense pour la première camarade, condamnant tout de même les deux autres à des amendes légères, respectivement 250 euros et 250 euros avec sursis. Un succès de la défense qui confirme la stratégie de refuser les opérations de relevés signalétiques en garde à vue. Il a parfois été possible, lors de procès similaires, de contester le fait même que la signalétique ait été demandée. On ne le répètera jamais assez, lors des auditions de garde à vue et en toutes circonstances, y compris pour la signalétique et pour le prélèvement ADN, face aux flics une seule réponse : rien à déclarer !

Deux procès suite aux manifs Gilets Jaunes d’été

Lundi 29 juillet 2019, deux personnes étaient jugés notamment pour des faits de violence sur personnes dépositaires de l’autorité publique.

Le premier passait en comparution immédiate suite à la manif du 27 juillet. Malheureusement, aucun contact n’avait pu être pris avec ses proches pour réunir ses garanties. En effet la presse avait fait état de 5 gardes à vue, mais il y en avait bien une 6ème, car les journalistes n’avaient pas compté celle d’une mineure.

Le sort du premier a été scellé de manière expéditive: il n’a pas demandé de délai pour préparer sa défense et a ainsi été jugé sur le moment, défendu par un avocat commis d’office. Rappelons que dans un tel contexte, il est toujours très difficile de se défendre. L’avocat a souvent accès au dossier quelques instants avant l’audience, et après 40 heures entre les main des flics on est dans des conditions physiques et mentales très mauvaises pour affronter le procès.

Accusé de menaces sur un flic, et d’un jet de canette n’ayant pourtant touché personne, il n’est quasiment pas question des faits pendant l’audience. Pour le procureur, 3 PV de flics l’accablent, il est reconnu par sa casquette rouge, la messe est dite. Le camarade avait pourtant nié les faits en garde de vue, avant de céder lors d’une deuxième audition et de reconnaître un lancer d’oeufs. Encore une fois, cela montre qu’il est important de garder le silence en GAV et de demander un délai lors de la comparution immédiate pour pouvoir réfléchir collectivement à toutes les tactiques opportunes de défense. Dans le cadre de cette audience, le tribunal s’est en effet principalement fondé sur les déclarations du prévenu. Il l’a condamné pour le délit de violence qu’il reconnaissait partiellement. La tentative de reconnaître un lancer de projectiles jugé moins dangereux n’a pas payé puisque les violences sont admises et les donc le délit caractérisé, ce qui permet au tribunal de le condamner. Rappelons également à toute fin utile qu’il n’existe pas de délit de tentative de violence dans le code pénal, toutes les tentatives sont considérées comme des violences. Il est toujours incriminant de reconnaître un jet de projectile, qu’il ait manqué sa cible ou non. Toutefois, le tribunal l’a relaxé pour le délit de menaces qu’il niait. Une lecture attentive du dossier aurait au minimum relevé des incohérences sur les jets de projectiles et aurait pu permettre de se défendre également de ce chef d’inculpation.

L’avocate, qui a eu accès au dossier très peu de temps avant l’audience, ne peut que brièvement parler du fond. Elle se concentre sur la situation particulière de son client. En effet, le camarade dormira en prison quoi qu’il arrive le soir même, puisque que le juge d’application des peines, le considérant coupable dès son arrestation, a déjà décidé durant la garde à vue de mettre à exécution une précédente peine de 9 mois de prison ferme qui avait jusqu’alors été aménagée. L’enjeu pour elle est donc de convaincre le tribunal que de faire droit aux réquisitions du proc (6 mois ferme + 2 mois de révocation de sursis mise à l’épreuve) signifie que le fait d’avoir reconnu un lancer d’oeuf équivaut à 17 mois de prison ferme (si l’on compte les 9 mois mis à exécution). Le tribunal n’a été que peu sensible à ces calculs et a prononcé la peine de 3 mois de prison ferme (avec mandat de dépôt, automatique en matière de récidive), a révoqué un sursis à hauteur de 2 mois + 450€ à verser à la partie civile.

Il a 10 jours pour faire appel, ce qui lui permettrait de pouvoir bâtir une défense solide, ce qui est impossible en comparution immédiate.


La deuxième personne était jugé suite à la manif du 29 juin. Accusé d’avoir fait chuter un flic pour s’opposer à une arrestation, de participation à groupement en vue de commettre des violences et dégradations, ainsi que d’avoir refusé la signalétique, il n’avait rien déclaré en GAV, et avait demandé un délai lors de l’audience de comparution immédiate.

Le débat porte d’abord sur une demande de renvoi de la part de la partie-civile : Birrien, avocat des flics, souhaite que d’autres examens médicaux soient faits pour rendre plus importante l’Interruption Temporaire de Travail du policier, qu’il décide de rebaptiser « interruption totale », pour le style. En effet, le flic a obtenu un jour d’ITT, mais le camarade aussi. Un point partout ? Pour Birrien, que nenni ! L’enjeu est pour lui d’obtenir une requalification sur des violences plus graves, donc d’obtenir une peine plus lourde et des dommages et intérêts plus conséquents. S’en suit un débat technique entre lui et le procureur, qui ne semble pas tellement apprécier qu’on lui demande de « mieux se saisir », c’est à dire de changer la nature des poursuite alors qu’aucune pièce justificatives n’est apportée en ce sens. Le juge décide finalement de traiter le fond le jour même.

Le débat reste sur le même thème, puisque le juge attaque tout de suite sur ce que le prévenu a indiqué au médecin en GAV, c’est à dire d’avoir subi des violences et des insultes de la part des policiers. En effet la symétrie est telle dans le dossier (1 jours d’ITT de part et d’autre, signifié par le même médecin), qu’il est important pour le juge de rétablir la bonne hiérarchie de la violence légitime en indiquant que les douleurs que le camarade a ressenti ne sont que la conséquence logique et proportionnée d’une interpellation en bonne et due forme. Le juge cherche donc à ce que le camarade se contredise mais ce dernier le prend à contrepied en indiquant qu’en effet, les flics font leur boulot quand ils interpellent quelqu’un, mais qu’il doute de la proportionnalité et de la pertinence des insultes et des coups de pieds dans le dos « une fois menotté ».

Il s’agit ensuite de contester la version des policiers, qui assurent que l’interpellation a lieu suite à une tentative de désarrestation. Le prévenu produit un tout autre récit : de passage à Rennes, il croise la manifestation et s’arrête quelques minutes pour discuter avec une connaissance. L’ambiance ne lui semble pas dangereuse, mais lorsqu’une charge policière intervient soudainement, il tente de fuir et percute involontairement un policier au cours de sa course. Le juge, les assesseurs, le procureur et l’avocat des flics tentent de le désarçonner en lui faisant répéter son histoire jusqu’à épuisement de tous les mimes et toutes les précisions possibles sur sa position exacte, sur sa vitesse et son temps de course. Tous ces hommes de robes ont bien là l’occasion de démontrer qu’ils ne comprennent rien aux situations de manifestations, puisqu’ils n’arrivent manifestement pas à s’imaginer ni la configuration de la scène ni la soudaineté de la charge qui a pu amener ce télescopage.

Étant arrivés au bout de la logique d’un interrogatoire qui confine à l’absurde, le juge se retrouve contraint à changer de sujet et aborde le chef d’inculpation de participation à un groupement formé en vue de la préparation à commettre des dégradations ou des violences (en l’espèce jet de projectiles et la bousculade qui nous concerne ici). Il peine à introduire le débat (« Généralement c’est le délit qu’on reproche dans les manifestations, c’est pas de venir à la manifestation mais de se préparer à venir équipé pour casser… ce qui n’est pas le cas ici »). Il tente bien de relier la bouteille d’eau vide retrouvée dans le sac à dos du prévenu à une « éventuelle arme par destination » mais il n’a pas l’air d’y croire lui même. Il en vient même à blaguer sur le fait que le prévenu, passionné d’architecture ne doit pas avoir envie de mettre le feu au Parlement de Bretagne, et en arrive par une étrange circonvolution de l’esprit à constater « l’absence de gouren [= lutte bretonne] dans le dossier ». Le prévenu laisse le juge à ses fantasmes et se contente de répondre très factuellement. Il justifie très facilement son absence de réponses en garde à vue par la lecture de tracts, qui sont ensuite loués par Maître Birrien lui-même, qui en rappelle les recommandations principales : ne rien déclarer en GAV, ne rien signer et contacter ses « éminents confrères », Maître Pacheu ou Maître Prigent. Il restera ironique tout au long de sa plaidoirie, décrivant les policiers comme des « fieffés crétins qui ne savent pas différencier quelqu’un qui fuie et quelqu’un qui cherche à les percuter », et moquant la malchance qui s’acharnerait sur le prévenu. Pour autant personne dans la salle n’a oublié que quelques minutes auparavant il avait tenté de faire requalifier le délit pour obtenir plus de dommages et intérêt pour son client, allant jusqu’à demander une audience ultérieure pour fixer le montant à payer venant compléter les 750€ qu’il réclame à titre provisoire. En matière d’acharnement, on a plutôt l’impression qu’il faut le chercher du côté de la répression plutôt que de celui du « fichu hasard ».

Le procureur, lui, requiert 5 mois de sursis simple pour les violences et la participation au groupement, ainsi que 500€ d’amende, venant soi-disant sanctionner le fait que le prévenu ait « défié l’ordre public » en bousculant un policier. Il requiert également la relaxe pour le délit de refus de signalétique, constatant qu’il n’y a aucun PV dans le dossier qui vient attester d’un quelconque refus du prévenu en GAV.

L’avocat de la défense, Maître Pacheu, tente d’expliquer l’ambiance d’une manifestation, rappelant à Maître Birrien, sorti de la salle entre temps, qu’une manifestation n’est pas comparable à un footing durant lequel on peut admirer le paysage. Il rappelle au juge que son client ne peut pas être condamné pour deux délits différents se référants aux mêmes faits : on ne peut pas reprocher des violences et une participation à un groupement en vue de commettre les mêmes violences. Malgré le peu de combativité du procureur sur la signalétique, il tient à marteler les jurisprudences de la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui rappelle régulièrement à l’ordre la France, jugeant que les fichiers ADN et d’empreintes digitales portent atteinte à la vie privée et posent un problème de proportionnalité dans leur durée de conservation (50 ans même pour des petits délits).

Après délibération, le prévenu est relaxé pour le délit de refus de signalétique, relaxé également pour le délit de groupement en vue de la préparation de violences ou dégradations. Le délit de violence est requalifié en contravention d’atteinte involontaire, considérant que c’est par maladresse que le policier a été percuté. Il est toutefois condamné en répression à une amende de 500€. S’agissant d’une contravention, cette condamnation ne sera pas inscrite à la section B2 de son casier judiciaire, consultable par les employeurs. Enfin, le juge n’accède pas à la demande de 750€ d’intérêts provisoires réclamés par la partie civile, et renvoie le débat sur les indemnités à l’audience civile ultérieure.

Nous avons appris par la suite que le parquet fait appel. On lâche rien ! Solidarité avec tous les prisonniers et avec tous les inculpés du mouvement !

Pour faire face aux importants frais de justice engendrés par cette dernière affaire et celles à venir, nous appelons à participer à la cagnotte de soutien aux inculpés. Il est aussi possible de faire un don via la page Helloasso.

Conjonction astrale au TGI de Rennes : deux camarades jugés pour violences sur agent de police

Hier comparaissaient au tribunal deux camarades suite à la manifestation du 30 mars à Rennes, à savoir l’acte XX du mouvement des gilets jaunes. Ils ont été interpellés pendant la dispersion au parc du Thabor où se déroulait au même moment le festival Mythos. Les deux camarades placés en GAV ont usé de leur droit au silence, et ont été déférés au bout de 48h devant le tribunal, dans le cadre d’une procédure de comparution immédiate. Suivant les conseils donnés aux AG et dans divers tracts (y compris ceux de la Défense Collective), ils ont demandé un délai pour préparer leur défense. Ils sont ressortis libres, avec toutefois un lourd contrôle judiciaire : pointages au commissariat 2 fois par semaine, assignation à résidence le week-end et interdiction d’entrer en contact. Parmi les diverses procédures qui ont eu lieu pendant ces 3 mois, un appel est effectué sur le CJ, celui-ci conduit à une levée partielle, en l’occurrence celle de l’assignation à résidence.

Les deux personnes étaient jugées ensemble et comparaissaient pour les mêmes chefs d’inculpation :

– violences sur une personne dépositaire de l’autorité publique sans incapacité. En l’occurrence, les deux personnes sont accusées de jets de projectiles, et l’une d’entre elles d’avoir fait chuter un policier au sol et lui avoir porté des coups de pied

– refus de se soumettre aux prélèvements signalétiques

– refus de se soumettre aux prélèvements ADN

– dissimulation de visage sans motif légitime lors d’une manifestation (ce dernier chef d’inculpation étant encore d’ordre contraventionnel au moment des faits)

Deux policiers se portent partie civile dans cette affaire. D’ailleurs, en l’absence d’images des faits reprochés, leurs témoignages et ceux de leurs collègues sont centraux dans l’accusation des deux camarades. Combinés à l’exploitation d’une vidéo amateur tournée durant presque la totalité de la manifestation (excepté la dispersion au Thabor), ces témoignages visent à établir une identification formelle des deux camarades, via une méthodologie bien rodée de PV qui se recoupent entre eux.

Cependant les deux camarades nient les violences et les jets de projectiles, en remettant en cause le travail policier. Ceci a pour effet d’énerver le procureur qui tente de convaincre les magistrats du travail « précis et irréprochable » des policiers, arguant que la culpabilité des camarades est avérée et indiscutable, à moins d’une « conjonction extraordinaire des astres », démontrant ainsi ses grandes compétences en astrologie judiciaire. Il requiert 5 mois de sursis + 2 mois pour le refus d’ADN et signalétique et 200 euros d’amende pour la première camarade, ainsi que 8 mois de sursis pour le second en alignant le même réquisitoire pour le reste.

La défense quant à elle, représentée par Olivier Pacheu et Nicolas Prigent, vient mettre en évidence les imprécisions et les incohérences présentes dans les PV des keufs (notamment la vision aux rayons X d’un policier permettant de voir une barbe à travers un t-shirt qui masquait le visage du camarade). Des pièces versées au dossier viennent appuyer la plaidoirie des avocats, notamment des photos du Thabor qui démontrent le caractère confus de l’interpellation, en raison de la végétation très dense, qui rend le travail d’identification bien plus compliqué que les flics et le procureur le laissent entendre. A ce titre, la défense demande la relaxe totale des deux camarades inculpés.

Rendu :

La première camarade est relaxée sur le refus de prélèvement ADN, elle est en revanche condamnée pour le reste des chefs d’inculpation, et écope de 2 mois de sursis pour les violences et 100 euros d’amende pour la dissimulation de visage.

Le second camarade est jugé coupable sur l’ensemble des faits et écope de 6 mois de sursis pour les violences, 300 euros d’amende pour refus de signalétique et ADN, et 100 euros d’amende pour dissimulation.

La partie civile est retenue à hauteur de 250 euros pour un policier et 550 euros pour le second.

Un compte-rendu plus détaillé de ce procès sera publié ultérieurement sur le site de la Défense Collective.

Pour faire face aux importants frais de justice engendrés par cette affaire et celles à venir (la répression ne prenant pas de vacances), nous appelons à participer à la cagnotte de soutien aux inculpés