Vague d’arrestations à Rennes : Quand la flicaille sort le chalutier contre le mouvement social

 

Ce mardi dès 6h du matin, la police rennaise a procédé à la perquisition de plusieurs appartements de camarades à Rennes. À notre connaissance 5 d’entre eux sont actuellement toujours en garde-à-vue. Nous n’avons pas connaissance des faits exacts qui leurs sont reprochés, nous savons toutefois que les enquêtes concernent plusieurs manifestations s’étalant de février à avril 2023, lors du mouvement social contre la réforme des retraites. Elles comprennent dans leurs motifs une association de malfaiteurs à caractère criminel, information confirmée par nos avocats mobilisés sur ces garde-à-vues.

 

À Rennes, ce n’est pas la première fois que le mouvement social est confronté à une tentative de criminalisation de cette envergure : en 2016, lors du mouvement contre la Loi Travail, 20 personnes qui participent à une action « métro gratuit » sont visées par une instruction criminelle et inculpées pour « association de malfaiteurs ». Très vite, la solidarité se diffuse au sein du mouvement social : personne ne se rend aux convocations, l’instruction se fissure. Après des années de procédure, l’affaire des « 20 du métro » finit en queue de poisson pour nos enquêteurs adeptes du coup de filet : les camarades s’en sortirons finalement avec de simples amendes contraventionnelles. Nous avons écrit plusieurs textes sur cette affaire, disponibles sur notre blog : https://defensecollective.noblogs.org/post/2021/04/02/comment-la-justice-rennaise-veut-qualifier-des-assemblees-generales-de-lutte-en-association-de-malfaiteurs/ et https://defensecollective.noblogs.org/les-proces/affaire-des-20-du-metro-2016/

Dans ce mouvement des retraites, particulièrement combatif à Rennes, la solidarité au sein des cortèges et la diffusion de pratiques de défense collective ont été des atouts majeurs face à la répression : nous avons vu de très nombreuses arrestations finir sans suites, des camarades sortir par dizaines du commissariat sans avoir décliné leur identité, et même des affaires pourtant très médiatisées se terminer en relaxe pour les camarades. La honte pour nos pêcheurs du dimanche du comico de Rennes.

Pressurisés par la préfecture, la maire, et la presse qui dramatisent depuis le début du mouvement la moindre action contestataire, les flics n’ont plus comme seule solution pour apaiser les bourgeois que de monter de toutes pièces une enquête criminelle. Enquête qui leur permet de mobiliser plus de moyens répressifs qu’à l’habitude, quitte à ce qu’elle soit déqualifiée en raison d’un manque d’éléments tangibles par la suite. 

L’effet voulu est double : satisfaire la bourgeoisie rennaise effrayée, et paralyser par la peur les camarades du mouvement social. De notre côté n’oublions pas que la qualité parfois misérable de leur travail nous a déjà offert de nombreuses opportunités de relaxe devant les tribunaux.

Là où une GAV classique ne peut dépasser les 48h (qui sont déjà 48h de trop), une des particularité des enquêtes criminelles est de pouvoir prolonger cette durée jusqu’à 72h, puis 96h. Passées ces 48h une prolongation confirmera qu’il s’agit d’une instruction criminelle.

Il est possible que dans le cadre de ces affaires d’autres personnes soient recherchées : nous recommandons vivement à chacun de faire attention à ses affaires portées ou utilisées pendant le mouvement. Cela peut vouloir dire : s’en débarrasser, les prêter à quelqu’un d’autre, les cacher quelque part,… Toutefois pas de mouvement hâtifs : restons discrets sur ces déplacements ! Les flics comptent souvent beaucoup sur l’effet coup de pied dans la fourmilière : taper fort puis observer ensuite où ça s’agite, pour trouver leurs futures cibles.

Dans le cadre d’affaire de cette envergure il est régulier que les convocations (pour audition au commissariat) pleuvent. En toute circonstance IL NE FAUT PAS S’Y PRÉSENTER. Dans le cadre d’une enquête criminelle le refus de se présenter à une audition, ne pas y prêter serment et ne rien y déclarer sont trois faits punis de la même contravention. Un refus de masse permettra d’empêcher les flics d’établir des cibles précises (qui veut bien venir / qui ne veut pas). Par ailleurs répondre à des questions en audition peut également relancer l’enquête si elle s’essoufle, permet de créer de la matière contre des camarades… Nous avons déjà écrit un texte à ce sujet disponible sur notre blog : https://defensecollective.noblogs.org/se-defendre/convocations-esquivez-les-toutes/

Si vous recevez une convocation, contactez la permanence juridique de la DC sur signal au 07 51 28 26 11

Si l’événement peut sembler exceptionnel, il faut rappeler qu’il ne provoquera pas la dissolution du mouvement social. Si vous êtes convoqué.e.s, perquisitionné.e.s ou arrêté.e.s : c’est tout le mouvement qui vous soutiendra. 

Refusons la criminalisation du mouvement social et les montages d’affaires en épingle, répondons à cette situation en montrant que nous resterons mobilisé.es quoi qu’il advienne, rassemblons-nous jeudi à 16h devant le commissariat de Rennes si les camarades sont prolongés, mais aussi si ils sont présentés au tribunal pendant la journée !

Nous vous tiendrons au courant des évolutions dans la journée de jeudi.

De la rue aux tribunaux, DÉFENSE COLLECTIVE !