Retour sur les arrestations du 19 février

Ce mardi 19 février à l’aube, le Raid a mené une opération sur deux appartements en vue de procéder aux perquisitions et aux arrestations de deux personnes qui seront menottées (leurs colocataires et conjoints le seront le temps de l’arrestation) et immédiatement placées en garde-à-vue. 
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Motif de la descente : elles sont suspectée d’avoir commis des dégradations en réunion et à visage dissimulé sur des agences bancaire et immobilière et des caméras de surveillance lors de l’acte XIII du samedi 2 février à Rennes.
Les effets personnels saisis seront pour l’essentiel des fringues ( sweats, pantalons, chaussures… ) censées les relier aux auteurs des dégradations, des gants de bricolage, quelques outils pris manifestement au hasard.
Les deux camarades seront gardés au poste pendant une trentaine d’heures, durant lesquelles ils affirmeront ne rien avoir à déclarer, refuseront de signer les PV, d’être photographiés (notamment pour ce qui est de la reconstitution) et de donner leurs empreintes et l’ADN, comme cela est conseillé depuis de nombreuses années dans les différents assemblées et espace de lutte. 
Les officiers de police judiciaires, visiblement blasés d’avance, n’insisteront que très peu pour obtenir ces données, preuve que la diffusion de ces pratiques de défense commencent à rentrer dans les habitudes.
De prime abord, les questions semblent avoir porté essentiellement sur la manifestation du 2 février, avec une centralité des images (manifestement d’assez bonne définition) récupérées via la vidéosurveillance de la ville et des banques visées, ciblant des personnes et notamment les détails de leur habits (couleurs, marques, traces d’usure…). Les flics auraient passé de longues heures à bricoler des photo-montages manifestement hasardeux cherchant à montrer les correspondances entre les camarades et les personnes masquées auxquelles ils seraient soit-disant affiliés.
Mais lors de la deuxième audition, ce qui nous a été rapporté montre que les flics (notamment à partir de document produits par le renseignement) ont cherché à mettre sur le dos des camarades une responsabilité beaucoup plus large dans les affrontements et les dégradations des enseignes et des bâtiments visés par les manifestants. Le vieux croque-mitaine de l’ultra-gauche, à laquelle ils seraient assimilés, aurait fait son retour à la faveur du mois de janvier…
Après une nuit au poste, ils seront présentés devant un juge des libertés et de la détention (JLD) pour un placement sous contrôle judiciaire, ce qui montre toute la faiblesse d’un dossier dont l’ampleur des moyens déployés et les chefs d’inculpation auraient laisser imaginer une demande de placement en détention provisoire.
Le JLD, face au vide du dossier et une intervention solide des avocats sur ce montage destiné en premier lieu à les empêcher de prendre part au mouvement et aux manifestations, finira par libérer les camarades sous les contraintes suivantes : pointage une fois par semaine au commissariat, interdiction du centre-ville de Rennes le samedi et dimanche, et interdiction de rentrer en contact entre eux, le tout jusqu’à leur procès au mois de juillet prochain.
De ce qu’on a donc pu comprendre, cette opération fait suite à une courte enquête préliminaire menée par la Direction Département de la Sécurité Publique (DDSP), et dont le débouché aurait pu être l’ouverture d’une information judiciaire visant une part plus large du mouvement des gilets jaunes à Rennes.
Il convient de revenir à minima sur le battage médiatique mené en parallèle aux arrestations et aux gardes-à-vue, dans laquelle Ouest-France a réaffirmé sa position de service communication du Carré Rennais (avec sa porte-parole, Nathalie Appeurée) et bien-sûr de la police rennaise : on y trouvera en premier lieu le nouveau directeur de la DDSP 35 (visiblement rédacteur en chef du moment), qui reprend la croisade de ses prédécesseurs contre les résurgences saisonnières de l’insaisissable mouvance anarcho-autonome, dont les terribles miasmes d’ultra-gauche auraient contaminé le paisible mouvement des gilets jaunes rennais pour les transformer en black-blocs complètement possédés.
L’opération policière et médiatique, avec les effets spéciaux du RAID et les gros titres de Ouest-France, font partie des grosses ficelles du pouvoir usées jusqu’à la corde contre chaque mouvement d’ampleur. 
A la veille d’une grande manif interrégionale à Rennes, il s’agit clairement de produire une division au sein du mouvement entre de prétendus bons gilets jaunes (citoyens responsables, amateurs de services d’ordre, de manifs déclarées et de listes aux européennes) et les éternels moutons noirs du pouvoir : ceux qui refusent le dialogue et les manifs qui ne dérangent personne, qui ne rentrent pas chez eux en échange de 100 balles et un mars, et qui ont bien l’intention de mener le mouvement jusqu’au bout.
Nous appelons donc toutes les personnes engagées dans la lutte à combattre ce piège grossier tendu au mouvement, ainsi qu’aux coups de pression et au climat de terreur que la police tente d’instaurer à Rennes comme partout où la mobilisation continue. 
La meilleure réponse pour nous, c’est refuser la dissociation, c’est soutenir tous les inculpés sans distinction et exiger l’amnistie pour toutes les personnes mises en causes par la justice dans le mouvement.
C’est redoubler notre implication dans les blocages et les manifestations, combattre la peur et s’opposer radicalement à la mise en place de la loi anti-casseurs qui donne aux flics le pouvoir de mettre en miette notre liberté de manifester et de lutter.
Ne cédons pas aux menaces, au chantage, aux coups de pression.
Continuons à lutter et à nous retrouver dans la rue lors des manifestations et blocages !
De la rue au tribunal,
Défense Collective.